2024-11-22 HaiPress
Le Palais de justice de Paris,où se déroule le procès de l’assassinat de Samuel Paty,le 4 novembre 2024. SARAH MEYSSONNIER / REUTERS Lorsqu’elle s’était présentée à la barre des témoins dans son beau tailleur bleu,lundi 18 novembre,Fouzia N. avait commencé sa déposition par quelques mots qui avaient résonné puissamment dans la salle d’audience de la cour d’assises spéciale de Paris : « Je suis conseillère d’éducation »,« référente laïcité »,« formatrice valeurs de la République et laïcité »…
Mais ces paroles avaient rencontré un étrange écho : Fouzia N. est la mère d’un des principaux accusés du procès de l’assassinat de Samuel Paty,Naïm Boudaoud,un jeune homme chétif de 22 ans qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour « complicité d’assassinat terroriste ». Et on avait été troublé par le déchirant paradoxe entre cette mère qui portait haut à la barre les principes républicains et la nature des faits reprochés à son fils.
« On lui a transmis les valeurs de la République,de respect et de tolérance,c’est comme ça qu’on s’est construit,avait-elle déclaré. La religion a toujours été chez nous synonyme de liberté. » Méthodiquement,Fouzia N.,dont la sœur est aumônière du culte musulman dans l’armée française,avait martelé sa conviction que son fils était innocent et raconté avec émotion les « cris horribles » qu’elle entend à chaque fois qu’elle l’appelle en prison.
L’accusé savait-il qu’Anzorov s’apprêtait à assassiner un professeur ? Son interrogatoire s’est déroulé en deux temps. Au cours d’un long monologue,le jeune homme a d’abord expliqué,de manière assez convaincante,la façon dont il avait vécu cette fameuse journée du 16 octobre 2020. Alors qu’il avait promis à Anzorov de le ramener à Rouen,tôt ce matin-là,Naïm Boudaoud a finalement fait la grasse matinée. A son réveil,il s’aperçoit que son « pote de la salle » l’a inondé de messages menaçants : « T’es mort »,« Je vais t’étrangler ».
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