2024-09-17 lemonde.fr HaiPress
Pat Gelsinger,PDG d’Intel,lors du forum Computex,à Taipei (Taïwan),le 4 juin 2024. ANN WANG / REUTERS Pour l’Europe,c’est un revirement de taille. Après avoir communiqué sur une réduction de 15 % de ses effectifs (18 000 personnes sont concernées) et un plan d’économies de 10 milliards de dollars (environ 9 milliards d’euros) à la suite de la publication de résultats décevants pour son deuxième trimestre fiscal,au début du mois d’août,Intel a fait savoir,lundi 16 septembre,qu’il reportait la construction de deux usines – l’une prévue en Allemagne,l’autre en Pologne –,et ce,en dépit des énormes subventions que lui offraient les deux pays. Le détail dudit plan est attendu avant la fin de septembre,à l’occasion d’un conseil d’administration de l’entreprise.
Varsovie venait tout juste de proposer une aide publique de 1,8 milliard de dollars au géant américain des semi-conducteurs pour un projet industriel chiffré à 4,6 milliards de dollars sur un nouveau site à Miekinia,à 20 kilomètres de Wroclaw,dans l’ouest de la Pologne. Douche froide également en Allemagne,qui comptait sur un investissement de 30 milliards d’euros,afin de relocaliser la production de puces en Europe,et pour lequel Berlin s’était dit prêt à allouerun financement de 10 milliards d’euros. En juin,Intel avait déjà décidé de suspendre l’extension de l’une de ses usines en Israël,où il est implanté.
Ces annonces mettent à mal la stratégie de Pat Gelsinger,nommé PDG de l’entreprise début 2021,après y avoir travaillé de 1979 à 2009. A son arrivée à la tête de la compagnie de Santa Clara,en Californie,il s’était fixé pour double objectif de maintenir l’avance technologique dans la conception de semi-conducteurs,mais aussi d’accroître son appareil productif,pour recueillir les commandes de ses concurrents ayant préféré un modèle « fabless » (sans usine) uniquement dévolu à la conception de nouveaux modèles de puces.
La suite des événements lui a été,au départ,favorable. En effet,la crise due au Covid-19 a fait grimper les ventes de matériel informatique intégrant ses produits (PC,serveurs) et les tensions sino-américaines ont incité Américains comme Européens à soutenir,à coups de subventions,la relocalisation de la production de puces sur leur territoire (39 milliards de dollars promis aux Etats-Unis,en 2022) pour prévenir une éventuelle rupture de la chaîne d’approvisionnement avec des mastodontes tels que le taïwanais TSMC.
Intel a même été le principal bénéficiaire des aides accordées par Washington,avec 8,5 milliards de dollars de subventions et 11 milliards de prêts fédéraux promis pour ses installations dans l’Ohio et l’Arizona. Las,l’ère post-Covid-19 s’est traduite par un effondrement des ventes de PC – un secteur où le partenariat d’Intel avec Microsoft avait fait ses heures de gloire.
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