Aux Etats-Unis, deux ans après l’Inflation Reduction Act, l’eldorado américain entre bluff et réalité

2024-08-14 lemonde.fr HaiPress

La centrale solaire de Kayenta,en Arizona,le 23 juin 2024. BRANDON BELL / GETTY IMAGES VIA AFP L’Oklahoma a connu son quart d’heure de célébrité en 2023 avec le film Killers of the Flower Moon,de Martin Scorsese,où des Blancs,joués par Robert De Niro et Leonardo DiCaprio épousaient,puis assassinaient des femmes natives américaines (Lily Gladstone) pour s’approprier leurs champs de pétrole,dans les années 1920. Un siècle plus tard,c’est de nouveau la ruée vers cet Etat du sud des Etats-Unis,non pour l’or noir,mais pour les énergies renouvelables.

Fin juin,à la faveur du forum SelectUSA,qui se tenait à National Harbor,sur les bords du fleuve Potomac,au sud de Washington,les Norvégiens de NorSun ont annoncé en grande pompe un investissement de 620 millions de dollars (573 millions d’euros) pour fabriquer des cellules photovoltaïques à Tulsa et créer ainsi 320 emplois.

Le gouverneur républicain de l’Oklahoma,Kevin Stitt,se réjouit de profiter de cette révolution technologique et de s’affranchir enfin de la Chine. « Nous essayons d’attirer cette nouvelle industrie. Notre réseau électrique est fiable,bon marché,et 45 % de notre électricité est renouvelable,ce qui plaît à de nombreuses entreprises »,confie-t-il. Qui l’eût cru : c’est au cœur des Etats pétroliers,en terre républicaine,que prospère la révolution énergétique américaine. Juste avant l’Oklahoma,le Texas se targuait d’accueillir l’investissement de 110 millions de dollars du géant indien de l’acier JSW.

Plus que jamais,l’adage américain se vérifie : en Europe,l’énergie représente un coût ; aux Etats-Unis,une richesse. Un avantage compétitif majeur,accentué par le programme massif de subventions à la transition énergétique,baptisé Inflation Reduction Act (IRA). Cette loi,adoptée en août 2022,conduit les Européens à s’installer outre-Atlantique.

Ainsi de David Weill,PDG du fabricant suisse de seringues Primequal. Il envisage de délocaliser son entreprise et d’investir 30 millions de dollars aux Etats-Unis. « Il ne peut pas y avoir des prix de l’électricité multipliés par deux ou par six,comme en Europe,explique-t-il au Monde. Les Américains viennent d’étendre les crédits d’impôt au nucléaire. Cela veut dire qu’ils auront toujours de l’électricité pas chère. »

Immense opération de marketing

L’accès à une énergie presque inépuisable,c’est le nouvel argument de vente de tous les Etats qui cherchent à attirer le chaland sur leur stand. Chris Pasterz,directeur du développement économique du comté navajo d’Arizona,vante des projets solaires et éoliens d’un montant total de 4 milliards de dollars,qui vont remplacer progressivement les centrales à charbon des Navajo. Il se veut rassurant : ses projets ne sont pas situés sur le territoire des réserves,qui ont un handicap majeur,à savoir être soumises au droit tribal. « Il est très difficile de faire du business dans les réserves [indiennes]. Il y a trop de risques »,confesse-t-il.

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