La moisson française de blé réduite d’un quart à cause de la pluie

2024-08-10 lemonde.fr HaiPress

A Illiers-Combray (Eure-et-Loir),le 30 juillet 2024. JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP Les céréaliers français auront bu le calice jusqu’à la lie,cette année. Et,à l’heure du premier bilan,l’ambiance n’est pas à la fête. La moisson de blé tendre serait en recul de près d’un quart,à 26,3 millions de tonnes,en comparaison avec 2023 et avec la moyenne des collectes des cinq dernières années,selon les données publiées,vendredi 9 août,par le ministère de l’agriculture. Cette estimation place 2024 dans la liste des trois plus petites récoltes de blé tendre des quarante dernières années.

Dans les champs,les moissonneuses-batteuses s’activent encore pour finir le travail. Non sans peine. « La moisson s’est déroulée avec un niveau de stress épouvantable. Nous avons eu du mal à avoir deux ou trois jours de beau temps d’affilée »,témoigne Benoît Piétrement,président du conseil spécialisé dans les grandes cultures de FranceAgriMer et céréalier dans la Marne. Jusqu’au bout,la campagne céréalière a été éprouvante. « La moisson a été longue,entrecoupée par les orages,elle dure dans la souffrance »,ajoute Arthur Portier,analyste du cabinet Argus Media France (ex-Agritel).

Dès les semis,la pluie a joué le trouble-fête,perturbant fortement les calendriers. Des agriculteurs n’ont pas réussi à les faire ou ont dû retourner les champs,car les conditions de culture étaient trop mauvaises. Résultat,la surface plantée en blé a été exceptionnellement faible,à 4,2 millions d’hectares,en repli de plus de 10 % sur un an. Cette réduction drastique du périmètre est le principal facteur de la contre-performance de la production de blé. En effet,même si les rendements sont mauvais à 62,4 quintaux par hectare,en chute de 15,5 % par rapport à 2023,ils restent supérieurs aux 53,7 quintaux par hectare enregistrés en 2016,année noire des céréaliers.

Qualité boulangère

Petite satisfaction tout de même,dans ce sombre tableau,comme le souligne M. Piètrement : « La qualité du grain est plutôt bonne,avec un taux de protéine satisfaisant »,estimé à 11,6 %. Un critère scruté de près qui conditionne la qualité boulangère du blé tendre et son accès aux marchés d’exportation.

La situation n’est guère plus reluisante pour les orges d’hiver et le blé dur. La récolte d’orge d’hiver a également été amputée d’un quart par rapport à 2023 et la production de blé dur atteint son plus bas niveau depuis 1997,à 1,2 million de tonnes. Toutefois,l’orge de printemps a offert de belles surprises et a permis de limiter la casse. Au total,10,4 millions de tonnes d’orge ont été engrangées,soit une baisse de 15 % sur un an. Le ministère de l’agriculture estime la perte globale de production céréalière de la France à 10 millions de tonnes.

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